À l'occasion de son exposition personnelle à Lafayette Anticipations, Meriem Bennani
met en scène un orchestre monumental et transforme la Fondation en une vaste
caisse de résonance.
Déployée sur toute la hauteur du bâtiment, l’installation sonore Sole crushing réunit
près de deux cents tongs et claquettes qui jouent une composition musicale à la croisée
d’une symphonie et d’un soulèvement. Les chaussures frappent de leurs semelles
divers supports et créent ainsi un ensemble de percussions.
Meriem Bennani explore le vivre ensemble et la place de l’individu dans la collectivité.
En chœur, en solistes, à l’unisson ou en réponse les unes aux autres, ces tongs évoquent
les individus d’une foule en mouvement, dans une manifestation, un stade ou une
dakka marrakchia, cérémonie musicale traditionnelle marocaine. Geste simple et banal,
ce claquement de tong unit le groupe dans une même pulsation, et produit une force qui
dépasse l’individu.
Pour cette réinterprétation inédite de l'œuvre initialement présentée dans l’exposition
For My Best Family à la Fondazione Prada en 2024-25, l’artiste invite Reda Senhaji (Cheb Runner)
à composer une nouvelle bande-son et crée une installation spécialement pensée pour
les espaces de Lafayette Anticipations.
Commissaire : Elsa Coustou
Dans son exposition personnelle, Steffani Jemison propose de déchiffrer des augures.
Le 12 février 1831, Nat Turner, un homme mis en esclavage sur la plantation de
Southampton en Virginie, observe une éclipse et y reconnaît la main d'un homme noir
recouvrant le soleil. Il interprète l'événement comme le signe annonciateur d'une révolte
d'ampleur dont il prendra la tête. Il sera arrêté et condamné à mort avec les autres insurgé·es
en novembre de la même année.
ciel clair/eaux troubles s'intéresse aux vents de révoltes et aux reflux de la répression -
des insurrections de 1831 aux émeutes qui ont soulevé les villes de Boston, Détroit, Cincinnati
ou Newark à l'été 1967 – à travers le prisme des phénomènes naturels (éclipses, flux de vent,
variations de lumière et de gravité).
L'élan de l'émancipation apparaît ici non comme un chemin linéaire, mais comme un parcours
incertain, fait de chutes et de reprises. L'artiste Steffani Jemison explore la fuite comme un geste
créatif et politique : une manière d'inventer d'autres coordonnées, d'improviser de nouvelles formes
de présence et de tracer des futurs que le corps peut soutenir.
Ici, l'atmosphère dépasse la simple question climatique. Elle agit comme une force sensible, chargée
de mémoire et de tensions invisibles. Elle dissimule les structures qui influencent nos trajectoires et
contraignent nos orientations. Comme les vers d'un ruttier - ces poèmes que les marins apprenaient
par cœur pour naviguer quelles que soient les conditions - l'exposition invite à prêter attention aux
courants imperceptibles.
Commissaire : Caroline Honorien
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