Une telle question impose une appréciation historique, car la nécessité diffère du libre choix. A partir de quand l’humanité devient-elle libre de choisir son régime alimentaire ?
Celui des hominidés du paléolithique ne saurait tenir lieu de référent pour l’homme des sociétés industrielles du XXIe siècle. Rien n’est comparable entre ces deux états de l’humanité. Ce qui est désigné par le terme générique « viande » est une nourriture d’un type très particulier : pour l’obtenir, il faut tuer. À en croire l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, « Tuer des êtres vivants pour s’en nourrir pose aux humains, qu’ils en soient conscients ou non, un problème philosophique que toutes les sociétés ont tenté de résoudre ». D’ailleurs, déjà dans les mythes, puis dans la philosophie gréco-romaine, la mise à mort des animaux pour s’en nourrir fait l’objet de vives critiques. Nous mêlerons aux considérations historiques une réflexion philosophique sur les raisons de l’attachement de l’humanité à un régime fondé sur la mise à mort des animaux.
Florence Burgat est philosophe, chercheuse à l’ENS. Elle travaille sur les approches philosophiques de la vie animale, la condition animale et le droit animalier.
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