LE PARIS DE LA MODERNITÉ
Durant la rénovation du San Francisco Museum of Modern Art, le Grand Palais accueille les oeuvres les plus emblématiques du musée, ainsi que des pièces de la collection Fisher - dont le SF Moma est dépositaire - l’une des collections privées d’art moderne et contemporain les plus importantes du monde.
Commencée dans les années 1970, la collection de Doris et Donald Fisher, co-fondateurs de l’entreprise Gap, rassemble plus d’un millier d’oeuvres signées de 185 artistes tels que Alexander Calder, Roy Lichtenstein, Agnes Martin, Richard Serra ou encore Andy Warhol.
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L’exposition, dont le parcours est à la fois chronologique et thématique, tire son originalité du périmètre géographique sur lequel elle se concentre largement, celui des Champs-Élysées. Ce quartier est au cœur de la modernité à l’œuvre. Le Grand Palais accueille alors chaque année la toute dernière création aux Salons d’Automne et des Indépendants, y sont montrées les œuvres du Douanier Rousseau, d'Henri Matisse, de Kees van Dongen parmi tant d’autres.
Durant la Première Guerre mondiale, le Petit Palais joue un rôle patriotique important, en exposant des œuvres d’art mutilées et des concours de cocardes de Mimi-Pinson. En 1925, il est au centre de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes où se côtoient pavillons traditionnels, Art Déco et de l’avant-garde internationale. À quelques pas, dans l’actuelle avenue Franklin Roosevelt alors appelée avenue d’Antin, le grand couturier Paul Poiret s’installe dans un superbe hôtel particulier en 1909. Il marque les esprits en y organisant en 1911 la mémorable fête de « La Mille et Deuxième Nuit ». Le lieu abrite aussi la galerie Barbazanges, où Les Demoiselles d’Avignon de Picasso est révélé pour la première fois en 1916.
Après la guerre, la galerie Au Sans Pareil, avenue Kléber, s’ouvre à Dada et au Surréalisme. Avenue Montaigne, le Théâtre des Champs-Élysées accueille les Ballets russes puis les Ballets suédois jusqu’en 1924 avec des créations comme Relâche et La Création du Monde. En 1925, Jodéphine Baker y fait alors sensation avec la Revue Nègre. Elle fréquente Le Bœuf sur le Toit qui s’installe en 1922 rue Boissy d’Anglas où Jean Cocteau attire le Tout-Paris.
Cette histoire du « Paris de la modernité » n’est pas linéaire, elle est marquée par de nombreux « carambolages ». Les scandales qui rythment la vie artistique sont évoqués : la « cage aux fauves », le « Kubisme » de Braque et Picasso, le très érotique Nijindki en faune pour la création du Sacre du Printemps par les Ballets russes en 1913... La modernité absorbe ces scandales, qui finissent même par devenir des étapes incontournables de la consécration des artistes.
La modernité passe également par les progrès de la technique et de l’industrie. Tout s’accélère avec le développement des cycles, de l’automobile et de l’aviation auxquels des salons sont consacrés au Grand Palais. Le parcours, qui présente un aéroplane et une voiture Peugeot, montre comment la fréquentation de ces salons par des artistes comme Marcel Duchamp ou Robert Delaunay influence durablement leurs œuvres.
L’exposition entend également mettre en valeur le rôle des femmes durant cette période. De 1905 à 1925, les mutations sociales sont spectaculaires. Des artistes comme Marie Laurencin, Sonia Delaunay, Jacqueline Marval, Marie Vassilieff ou encore Tamara de Lempicka participent pleinement aux avant-gardes. Symbole d’émancipation féminine, la silhouette de la garçonne est immortalisée par Victor Margueritte en 1922. Avec sa coupe courte et ses fines hanches,
Jodéphine Baker en est aussi l’incarnation. Jodéphine Baker s’inscrit dans un mouvement de métissage croissant au sein de la société française. L’Antillaise Aïcha Goblet, célèbre modèle d’artiste, est immortalisée par Vallotton.
Des bas-fonds interlopes aux cercles mondains les plus huppés, des personnalités telles que Max Jacob ou Gertrude Stein jettent des ponts. Les plus pauvres croisent les plus riches à Montparnasse, et les plus chanceux retiennent l’attention de généreux mécènes, comme Chaïm Soutine, avec le milliardaire américain Albert Barnes. Venant du monde entier, les artistes comme les touristes font plus que jamais de Paris la « capitale du monde ».
La scénographie réalisée par Philippe Pumain nous plonge dans cette période foisonnante et passionnante, rythmée par de nombreux films de René Clair, Fernand Léger ou encore Charlie Chaplin.
Jusqu'au 14 avril 2024
Entrée : 15 €
Tarif réduit : 13 €
Réservation vivement recommandée : Ici
Cette sortie est organisée dans un esprit de divertissement et de partage, et non par but lucratif ou publicitaire.